Objet Concours pour la création d'un équipement collectif aux abords du stade du crossing
Lieu Belgique - Bruxelles - Parc Josaphat
Maîtrise d'ouvrage Commune de Schaerbeek
Réalisation Concours 2012
Surface 1851 m²
Des intuitions
La zone d’implantation du futur équipement se situe à la frange, le bord du parc public qui va l’accueillir. Au-delà de son propre programme, sa situation en fera un des éléments cosntitutifs des systèmes d’entrée au parc. Comment le projet pourra-t-il intégrer et se définir par rapport à ce statut particulier ?
Cette position « en bord de » institue une relation de proximité avec les fronts bâtis de l’avenue Ernest renan et de l’avenue du Suffrage Universel. Or, l’équipement est bien « dans » le parc. Ce rapport du « à la fois » dans et au bord, ouvre la question du caractère de l’édifice qui sera proposé. Se définira-t-il comme un équipement du parc ou comme un prolongement de la structure urbaine bâtie, ou comme un entre-deux inventif ? Les manières de, les matières à, réfèreront-t-elles au monde de la ville ou à celui du parc et du paysage ?
S’adosser à un équipement sportif de grande échelle : la contrainte est interpelante. Comment le projet pourra-t-il « tenir sa place » aux côtés de cette échelle qui le dépasse ? Comment éviter qu’il n’apparaisse que comme une annexe du dit équipement ou comme la réponse contingente à ce que ce dernier lui aura laissé comme place ? Comment sublimer en quelque sorte cette relation ?
Implanter dans un parc destiné au sport, à la détente et à l’évasion un équipement destiné aux enfants permet de rêver à des relations de dialogue avec cet écrin excessivement favorable. Et, à la fois, l’un des paramètres incontournables des lieux scolaires est aussi la sécurité et les nécessités de contrôle mais aussi les conditions liées aux impératifs de concentration des élèves. S’ouvrir sur la nature, physiquement et visuellement, soigner les interfaces entre le bâtiment et son parc tout en répondant aux impératifs programmatiques, sans que ces deux exigences n’apparaissent inconciliables ?
Un lieu pour apprendre avec une pédagogie « rigoureuse à visage humain »…Comment incarner ce slogan dans l’architecture ?
Une toponomie _ Bord de Foot ou Cœur de Parc ?
L’équipement doit répondre à l’exigence de « finir » le Crossing, de constituer la façade nord du stade. Ce paramètre est une des conditions du projet. Il doit être rencontré. Il correspond aux enjeux du CU. Nous le prenons comme une des conditions du projet, littéralement, positivement.
Dans le même temps, l’équipement s’implante dans un parc. Cette situation touche au merveilleux. Le projet ne peut passer à côté de cette chance.
Nous prenons donc le parti de proposer un projet qui est à la fois au bord du Foot et au cœur du Parc. Il s’agit bien d’un choix qualifiant pour l’identité du projet.
Un processus de composition
Pour incarner cette toponomie singulière, nous optons pour un mode de composition explicite.
Le « Bord du Foot » est réalisé par un monolithe qui constitue le « mur » qui ferme et termine le stade. Ce mur est épais et habité. Son volume correspond relativement à celui du CU. Il s’impose par sa présence et « tient sa place » par rapport aux installations sportives existantes grâce à son échelle et sa massivité.
Ëtre au « Cœur du Parc » appelle plus de sensualité, un rapport plus accentué sur la proximité. Plusieurs opérations de composition sont menées à cet effet :
- l’extraction d’un morceau de bloc du monolithe
- la suppression d’une partie de ce morceau pour créer un évidemment (qui correspond à un des systèmes d’entrée)
- l’extrusion et la translation de l’autre partie pour accueillir des loges habitées
- l’adjonction d’un petit volume lui aussi extrudé et à la volumétrie travaillée pour en minimiser les échelles relatives
Dans l’esprit du paysage
La proposition d’implantation respecte l’esprit du parc, de ces cheminements pittoresques et d’équipements entourés de plages engazonnées elles-mêmes festonnées de haies.
Une topographie
La parcelle se caractérise par une topographie : une différence de niveau de +- 1,50mètres entre le point haut et le point bas. Le projet se nourrit de cette caractéristique pour
- travailler ses niveaux
- confirmer la dépression naturelle du sol par la composition en « L » des éléments qualifiants du « Cœur de Parc »
- se servir de cette dépression confirmée et de la composition en « L » pour qualifier un espace extérieur contrôlé et protecteur
Des interfaces
Le monolithe du « Bord de Foot » se caractérise par son côté massif et introverti, correspondant à certaines fonctions. Les creusements et les adjonctions réalisent les exigences d’interface avec le parc. A la manière de l’espace intermédiaire périphérique des maisons traditionnelles japonaises, ces interfaces avec le parc constituent essentiellement des espaces extérieurs couverts (côté entrée tennis de table et Bruxelles Propreté ainsi qu’espace Petite Enfance) ou symboliquement tel (côté classes polyvalentes). Des relations avec le ciel sont également recherchées dans l’espace Petite Enfance et dans la cafétéria du club de tennis de table.
Une relation avec le stade de Foot est également recherchée. En effet, la contiguïté de deux équipements sportifs peut donner lieu à un lien symbolique. Il s’exprime ici par un traitement de façade du projet unifié avec la grille d’entrée de service du stade.
La gestion des entrées
Les entrées sont pensées de manière à créer des accès séparés pour chaque pôle d’activité :
- une entrée pour le club de tennis de table
- une entrée pour les classes polyvalentes et la salle polyvalente
- une entrée pour Bruxelles Propreté
- une entrée pour la Petite Enfance
- une entrée de service
Elles se répartissent sur les différentes façades de l’édifice de manière à en activer l’ensemble des relations avec le parc (éviter l’effet « avant-arrière » pour aller vers une forme d’isotropie). Cela permet également de hiérarchiser les systèmes d’entrée ou de les associer à un système d’entrée préexistant (entrée tennis de table et entrée stade).
Complémentairement à la répartition séparative des systèmes d’entrée, l’organisation intérieure du bâtiment permet l’isolement des fonctions par zones ou au contraire des associations de circonstances (tennis de table/salle polyvalente, salle polyvalente/classes polyvalentes, salle polyvalente/petite enfance…..)
Une flexibilité
La répartition des fonctions et leur distribution est pensée de manière à rendre possible les associations de circonstance comme évoqué plus haut mais aussi et surtout convenir d’une totale flexibilité. En effet, si nous avons opté à chaque fois pour les choix programmatiques minimaux (4 classes, version 10 tables de ping-pong en entraînement…), tout est pensé pour que les espaces puissent être partagés, flexibles, recevoir diverses activités aux temporalités différées :
- la salle polyvalente peut facilement être affectée au tennis de table (fermeture de l’accès via entrée scolaire et connexion par l’entrée et la trémie « tennis de table »)
- la salle polyvalente peut être divisée pour recevoir une classe côté classes polyvalentes et libérer de la place pour l’activité « tennis de table »
- une distribution via la salle polyvalente, devenant ainsi salle des pas perdus, permet d’affecter l’espace petite enfance à une activité de classe polyvalente
Des interactions intimes
Outre la flexibilité énoncée ci-avant en termes d’usages, des interactions visuelles nourrissent le dialogue entre les différentes « zones » du projet. Ainsi, des liens symboliques se mettent en place (classes polyvalentes/petite enfance, salle polyvalente/club de tennis de table, salle polyvalente/classes polyvalentes) et des liens naturels articulent les relations favorisées (jardin protégé et clos/classes, salle polyvalente/terrasse couverte partagée…)
Ainsi, chaque « zone » peut être individualisée tout en continuant à se référer au tout et en revendiquant cette appartenance à l’ensemble.
Des séquences spatiales
Tout le rez-de-chaussée de l’édifice est structuré pour offrir une diversité de séquences spatiales adéquates aux usages qu’elles accueillent :
- L’espace rythme : une succession de murs de refend séparant les classes polyvalentes qui jouent sur le phénomène de la série pour scander la progression
- L’espace traversant : les bords longitudinaux de la salle polyvalente canalisent le regard de l’entrée vers le fond, dynamise la perception. Cet espace joue du contraste avec la séquence précédente.
- L’espace contenant : protecteur par excellence pour accueillir la Petite Enfance
- La boîte noire : celle qui cache tous les services
Des tableaux, perspectives et effets spatiaux
Là encore, complémentairement aux séquences spatiales ou subséquemment, les perspectives visuelles dynamisent l’espace et induisent les progressions, qualifient les perceptions phénoménologiques :
- une perspective diagonale dans la salle polyvalente dynamise sa perception en allant chercher la grande longueur et en projetant vers l’extérieur
- des perspectives traversantes (salle polyvalente, hall d’entrée…) créent les mises en profondeur
- des vues plongeantes entre le bureau du club de tennis de table, la trémie d’escalier, le hall d’entrée du même club de ping-pong et la salle polyvalente relient les différentes séquences de la promenade architecturale et de sa progression
Un effet de dilatation s’exprime dans le couloir de distribution des classes grâce aux parois vitrées qui le séparent de ces dernières.
Enfin, une série de tableaux cadrent le paysage du parc comme autant de représentations de cette relation privilégiée avec la nature.
La nuance des lumières comme curseur spatial
Enfin, un nuancier de lumières naturelles établit les contrastes capables de rendre cette architecture vivante et vibrante.
